L'emploi du temps

Vincent, consultant en organisation du travail, est licencié. Il décide de le cacher à son entourage et à sa famille en s’inventant un nouvel emploi à Genève, où il dit avoir obtenu un poste prestigieux à l’Onu. Mais en réalité, son seul refuge est son 4x4. Il passe le plus clair de ses journées sur les routes et les parkings. Afin de paraître crédible, il étudie les publications de l’Onu et, sous prétexte de placements prodigieux, soutire de l’argent à ses amis. Contraint non seulement de trouver coûte que coûte de l’argent, mais aussi d’étayer chaque jour davantage la fiction de son emploi, Vincent tombe dans son propre piège.

Comment sauver les apparences
Inspiré très librement de l’affaire Romand (du nom de ce prétendu médecin qui tua ses parents, sa femme et ses enfants après avoir mené pendant plusieurs années une double vie), ce film est une profonde réflexion sur la peur de décevoir et sur l’importance des apparences sociales, avec toutes les incroyables conséquences qui en découlent. Tous les mensonges servant à combler son emploi du temps fictif, Vincent les invente pour épargner à ses proches la honte et la détresse qu’il éprouve lui-même. Ce faisant, il transforme une situation banale en situation abracadabrante et tragique. Si le dénouement laisse un profond sentiment de malaise, ce n’est pas parce qu’il pourrait déboucher sur un fait divers sanglant (ce qui est le cas dans l’affaire Romand), mais bien parce que, ici, le retour à la vie normale semble synonyme d’échec. C’est que Laurent Cantet prend le prétexte narratif du licenciement d’un cadre pour livrer une réflexion sur la place du travail dans la société, et a contrario sur la place que la société donne aux sans-travail. Cette approche à la fois humaine et sociologique est une fois de plus servie par un casting remarquable, en particulier Aurélien Recoing qui restitue toute la complexité de son personnage – gentil, bon et aimant, et pourtant malhonnête et lâche.